Par Stéphane Basso

 

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Au vu des résultats des 20 dernières éditions que peut-on en conclure ?

Intéressons nous particulièrement aux 4 épreuves considérées comme préparatoires (les fameuses 4 "B") et voyons tout d'abord celles qui ont fourni le plus de gagnant le dernier dimanche de janvier :

Course
gagnants
Prix de Bourgogne
6
Prix de Belgique
4
Prix de Bretagne
4
Prix du Bourbonnais
2

Il y a quelques années, le prix de Bourgogne étant considéré comme maudit. Son vainqueur n'avait jamais remporté le prix d'Amérique. Or récemment c'est l'épreuve qui a donné le plus de vainqueurs devant le prix de Belgique, souvent considérée comme la répétition générale avant le jour J. Ceci est finalement logique, les meilleurs affrontant leurs adversaires à départ égal dans la 1° épreuve, contrairement aux autres courses préparatoires, dans lesquelles les ténors ne se "sortent donc pas les tripes". Le prix du Bourbonnais, en revanche, n'a donné que deux vainqueurs.

Au delà des victoires, voyons maintenant les places obtenues dans les préparatoires par les 20 derniers vainqueurs de la grande épreuve :

Course
Participations
place obtenue
Prix de Bretagne
4
1° (rendant 25m) - 1° - 1° (+25m) - 9° (+25m)
Prix du Bourbonnais
8
1° (+25m) - 8° (+25m) - 2° (+25m) - 6° (+25m) - 4° (+25m) - D (+25m) - 1° (+25m) - 5° (+25m)
Prix de Bourgogne
7
1° - 1° - 3° - 1° - 1° - 1° - 1°
Prix de Belgique
13
1° (+25m) - 1° (+25m) - 2° - 0 (+25m) - 1° (+25m) - 1° - 5° (+25m) - 10 (+25m) - 8° (+25) - 6° - 3° (+25m) - 4° (+25m) - 2° (+25m)

On peut constater plusieurs choses :
- le vainqueur du prix d'Amérique dispute presque toujours le prix de Belgique. C'est normal, à 2 semaines du grand jour, les prétendants au titre effectuent les derniers réglages sur le même parcours.
- En revanche le vainqueur du jour J ne remporte pas très souvent la dernière des préparatoires. Cela s'explique par le fait qu'il doit rendre la plupart du temps 25 mètres et vu la difficulté de la tâche, il n'a pas interêt à se "sortir les tripes" et se contente d'un bon décrassage, figurant assez bien. Ceci est d'autant plus vrai depuis la réfection de la piste de Vincennes.
- Le cheval ayant participé au prix de Bourgogne ( 1 fois sur 3) l'a presque toujours remporté. Rien de surprenant à cela, cette épreuve, disputée sur 2175m ou 2100 m autostart, ne comporte pas de recul. Le meilleur du moment peut s'exprimer totalement et fait souvent un vrai parcours sans avoir à surmonter une tâche impossible.
- Le prix du Bourbonnais représente un cas similaire au prix de Belgique, les meilleurs y rendant 25 m. Elle est moins souvent disputée par le vainqueur de janvier étant placée plus tôt dans le programme. Il est aussi à noter que cette épreuve est fermée aux trotteurs étrangers, tout comme le prix de Bretagne.
- Le prix de Bretagne, placé en tout début de meeting, est rarement disputé par le champion du prix d'Amérique mais, lorsque c'est le cas, ce dernier l'a emporté presque à chaque fois. Il faut dire qu'avec un recul à 594 000 €, tous ses adversaires de qualité partent au même poteau que lui.

Etudions maintenant les chevaux ayant fini dans les 6° dans les épreuves préparatoires et leur résultat ultérieur dans le prix d'Amérique :

Place obtenue dans les préparatoires Poteau de départ Participations au prix d'Amérique Place obtenue
Vict
2°,3°
4°,5°,6°
+
BRETAGNE    
1° poteau
8
1
2
1
4
  2° poteau
5
3
2
2°,3° 1° poteau
19
1
6
12
  2° poteau
5
2
2
1
4°,6° 1° poteau
18
1
1
16
  2° poteau
11
1
4
1
5
BOURBONNAIS  
1° poteau
12
2
5
5
  2° poteau
5
2
2
1
2°,3° 1° poteau
16
2
4
10
  2° poteau
4
1
2
1
4°,6° 1° poteau
24
2
2
20
  2° poteau
13
3
3
3
4
BOURGOGNE  
 
17
6
5
1
5
2°,3°  
32
1
10
7
14
4°,6°  
37
5
4
28
BELGIQUE  
1° poteau
12
1
3
2
6
  2° poteau
7
3
3
1
2°,3° 1° poteau
23
1
4
9
9
  2° poteau
10
2
3
2
2
4°,6° 1° poteau
29
1
1
5
22
  2° poteau
11
2
4
2
3
 

Ceci nous permet de définir le portrait robot du vainqueur du prix d'Amérique :
- il a gagné une préparatoire en partant aux 25m ou a gagné le prix de Bourgogne : 34 concurrents dans ce cas, 14 victoires le dernier dimanche de janvier
- il a terminé entre 4 et 6° dans les prix de Belgique ou du Bourbonnais en rendant 25 m : 24 participations, 5 victoires.
Bien sûr ce portrait n'est pas une règle absolue, Verdict Gédé, vainqueur en 1992, n'a pas disputé une seule épreuve préparatoire, pas plus que Varenne, ayant effectué sa préparation en Italie, à l'image d'Abano As. Queen L, elle, a gagné le prix de Belgique mais elle partait au 1° poteau. Ourasi ou Ténor de Baune ont gagné ce prix de Belgique en rendant 25 m. Mais c'étaient des phénomènes et cela se passait sur l'ancienne piste; une autre époque....
Quant à Jag de Bellouet en 2005 et 2006, il a préparé la course en partie en courant sous la selle, remportant notamment le prix de Cornulier !
Quelque soit son résultat le futur vainqueur du prix d'Amérique ne doit pas avoir trop puiser dans ses réserves. Il peut avoir gagné, s'il est au dessus du lot, ou s'être classé plus loin sinon. Dans tous les cas il doit avoir fait bonne impression, finissant bien en général

Quel est le profil d'un placé de prix d'Amérique ?
- On le trouve souvent parmi les chevaux ayant terminé parmi les 3° des épreuves préparatoires, en rendant 25m pour celles comportant un recul : 103 participations, 35chevaux 2° ou 3° à l'arrivée.

Qui trouve-t-on ensuite (4°, 5° ou 6°) ?
Le profil des chevaux se classant ensuite est plus varié. On peut toutefois mettre en avant les placés du prix de Belgique (2° ou 3°) partant au 1° poteau : 9 sur 23

Ceux qui ont peu de chances :
Les chevaux ayant terminé entre la 4° et la 6° place dans les préparatoires en partant au 1° poteau, lorsqu'il y a un recul (toutes sauf le "Bourgogne") : 5 sur 71 ont terminé parmi les 3 1° de la grande épreuve.

Dans l'ensemble on peut dire que ces statistiques sont sans surprise et que les épreuve préparatoires jouent bien leur rôle. L'important pour bien préparer le prix d'Amérique est d'affiner sa condition mais de ne pas brûler toutes ses cartouches avant le jour J.

Appliquons ces considérations à l'édition 2007à venir, après les épreuves préparatoires :
Pour la victoire :
Késaco Phédo : 1° du prix de Bourgogne et excellent finisseur dans le prix de Belgique en rendant 25 mètres, n'ayant fait que la ligne droite. Après bien des soucis, le cheval semble avoir retrouvé son niveau de 2004 qui lui avait permis de remporter la grande épreuve en battant le record de la course.
Pour les places :
Laura d'Amour, Kool du Caux : placés dans le prix de Bourgogne derrière l'intouchable Késaco Phédo, la première nommée laissant une belle impression pas sa fin de course Le second se montre en forme ascendante après une longue interruption en cours d'année.
Lady d'Auvrecy pourrait être rangée dans cette catégorie, ayant toujours fait belle impression dans les préparatoires en rendant la distance. Elle aurait pu se classer 5° ou 6° à plusieurs reprises si elle avait eu le passage.
Pour compléter la combinaison du Quinté :
Ladakh iel, Java Darche : ont obtenus les accessits dans le prix de Belgique. Le premier, régulier dans toutes les préparatoires, n'a pas paru forcer outre mesure ce jour là. Il peut même espérer monter sur le podium le jour "J" (n'oublions pas qu'il sera drivé par ce diable de Jos Verbeeck, jamais meilleur que lorsque l'enjeu est important). La jument n'est autre que la 3° de la dernière édition et peut de nouveau "ramasser les morts" à la fin.
Ceux qui n'ont que peu de chances :
Notre Haufor, Super Light, Lhassa, Nijinsky Blue, My Love Lady, Lass Drop, Keed Tivoli : ayant terminé seulement entre la 4° et la 6° place dans les préparatoires en s'élançant au 1° poteau, ils n'ont que peu d'espoirs de revanche. Certains seront d'ailleurs absent le jour "J". Le cas de Super Light est toutefois à considérer à part, ce petit cheval courageux ayant déjà montré qu'il pouvait bien figurer.

Reste le cas de Jag de Bellouet. Le champion des Gallier a fait sa réapparition, dans le prix de Cornulier, de façon somme toute encourageante. L'emmener au "top" pour le jour "J" semblait un pari un peu fou mais avec ce diable de cheval tout est possibleet nul doute que c'est un tout autre cheval que nous verrons de 28 janvier. Rappelons-nous de Jiosco en 1982 qui avait fait directement sa rentrée dans le prix d'Amérique après une absence de 5 mois. Le pensionnaire de Jean-René Gougeon n'avait été battu que sur le poteau par Hymour !

D'autres concurrents n'entrant pas dans ces profils types ne manqueront pas d'ambitions. Maintenant, alea jacta est, la vérité n'apparaîtra que le dernier dimanche de janvier, à l'issue des 2700 m impitoyables d'une course que nous espérons sans incident.